- Delphine Priet-Mahéo - Aurélien Ducoudray -
- pourquoi??
J'ai découvert il y a quelques temps en BD Pour un peu de bonheur (1 et 2) qui abordait le sujet des gueules cassées de la Première Guerre Mondiale.
Dans un autre style, j'ai voulu découvrir ce titre, même s'il m'effrayait déjà par sa couverture qui met très mal à l'aise...
- le pitch de moi personnellement:
(présentation de l'éditeur)
1918, la guerre est finie, la paix est signée. Outre les familles des 1.375.800 morts et disparus, la patrie française doit s’occuper des 4.266.000 blessés. Parmi eux se trouvent 10 à 15.000 mutilés de la face. Les "gueules cassées" comme on les appellera.
Insensible aux médailles qu’on lui propose, notre héros découvre,
jour après jour, les réalités de sa nouvelle « condition ». Mi-homme,
mi-curiosité, il tente de survivre à la violence du regard d’autrui. En
particulier celui des femmes (dont la sienne) qui préfèrent lui tourner
le dos en toutes circonstances…
Si les compagnies un peu trop compatissantes ou la visite de bordels
spécialisés permettent de réguler certains besoins physiques, les
besoins de l’âme, eux, ont bien du mal à trouver satisfaction…
Un beau jour, il rencontre Sembene, un colosse d’origine africaine.
Une drôle de « gueule », lui aussi, avec ses dents taillées en pointe.
Entre les 2 compères, c’est un partage d’expériences en tous genres qui
démarre…
- bien? pas bien? l'avis de moi en personne:
Sujet très dur et rarement traité, je crois, que celui-ci. Les gueules cassées, ainsi étaient appelés ceux qui revenaient de la guerre (était-ce une "chance" dans ce cas là??) blessés. Des blessés particuliers... Blessés au visage... Complètement défigurés, un trou béant au milieu du visage...
Ces célèbres gueules cassées, qui ont ouvert le défilé du 14 Juillet 1919 en France ont été le reflet de la violence du front, des atrocités de cette guerre et ils ont mis tout le monde face à une réalité que personne ne voulait voir.
Leur retour à la vie civile, c'est de ça dont il est question ici... La vie sociale, et familiale.
L'horreur n'est pas seulement l'atroce blessure, indescriptible pour la plupart! L'horreur continue, et s'amplifie certainement face aux réactions rencontrées.
Plus tout à fait des hommes, ces survivants deviennent des curiosités qui vont être confrontées au rejet, au dégoût qu'elles inspirent aux autres, jusque leurs propres familles, leurs propres femmes, qui auraient préféré ne pas les voir revenir...
Dur!
Dur, très dur, cet album l'est, c'est incontestable!
De par son propos, mais aussi et surtout dans son dessin.
Attention, c'est du lourd!
Le trait ne m'a pas du tout plu, mais je dois reconnaître qu'il n'y aurait pu en être avec un autre.
Ce gris, ces traits déformés, ces bouches béantes, ces nez manquants, toute l'horreur de ces visages, celles qu'ils inspirent, celles qu'ils sont... On les regarde les tripes serrées. On voudrait ne pas voir, on continue, les tripes se serrent encore plus... C'est monstrueux! Un côté "cauchemar" émane de tout ça. Un cauchemar que l'on sait pourtant bien réel...
Un côté hypnotisant ressort du dessin, on est obligés de regarder, malgré le malaise que l'on ressent.
Obligés, et c'est tant mieux! Car il ne faut pas oublier que la guerre, c'est aussi ça...
Pour l'histoire, elle est tout aussi dure. Cet homme qui revient, non pas en héros mais en bête curieuse, en attraction dégoûtante, nous entraîne dans son expérience d'homme meurtri. Et l'expérience continue au gré de ses retrouvailles et rencontres. Le délit de sale gueule est tout autour de lui, et ça fait très mal.
Evidemment, m'est venue la question de ce que j'aurais fait si mon père, mon frère, mon ami ou mon mari était revenu, comme ça... Je ne sais pas.
Pas de réponse, pas de leçon, mais une mise en face, une prise de conscience, peut-être, une façon de ne pas oublier, un hommage, sûrement...
Ames sensibles s'abstenir, même si je pense que cet album se pose comme indispensable!
- merci qui?? une p'tite anecdote?:
Cette lecture a aussi fait froid dans le dos à Yaneck.
catégorie gros mot
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- lasardine -
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