La ronde des notes Post-it®

Si je n'ai pas (encore) lu les fameuses Chroniques..., je tenais à découvrir Guy Deslile et ce roman graphique me faisait de l'oeil depuis un moment déjà.

- le pitch de moi personnellement:

"Etre otage, c'est pire qu'être en prison.

En prison, tu sais pourquoi tu es là et à quelle date tu vas sortir.

Quand tu es otage, tu n'as même pas ce genre de repères.

Tu n'as rien."

Christophe André est en mission pour une ONG depuis 3 mois dans la ville de Nazran en Ingouchie, près de la frontière tchétchène quand il se fait enlever en Juillet 1997.

Croyant d'abord que les hommes qui sont entrés dans sa chambre, alors qu'il se trouve pour la première fois seul dans le bâtiment, en veulent au coffre-fort, il comprend qu'il se trompe quand ils le forcent à monter dans une voiture...

- bien? pas bien? l'avis de moi en personne:

Guy Delisle nous raconte dans cet épais roman graphique l'histoire vraie de Christophe André, membre d'une ONG, qui s'est fait kidnapper le 1er Juillet 1997 alors qu'il effectuait sa première mission.

L'auteur s'est lié avec lui et après l'avoir rencontré plusieurs fois, a décidé d'écrire et dessiner son histoire. Ce n'est pas chose facile car sur les quatre mois qu'ont duré la détention de Christophe, il ne s'est pour ainsi dire rien passé. C'est le vide, le temps, l'ennui, l'attente, les interrogations, les réflexions et l'angoisse vécues par l'otage qu'il va tenter de faire ressentir dans son album.

Il y a donc, dans cet album, l'histoire vraie de Christophe André d'une part, et ce qu'en a retiré Guy Deslile.

La première chose qui m'a sauté aux yeux, c'est le calme et le contrôle impressionnants dont fait preuve Christophe lors de son enlèvement et dans les heures qui suivent.

Retenu par des hommes dont il ne comprend pas la langue et encore moins les intentions, Christophe André fait preuve d'un calme olympien, se raisonnant sans cesse pour ne pas céder à la panique, gardant le contrôle du temps, des jours qui passent, parvenant à trouver de quoi occuper son esprit et de quoi ne pas sombrer dans le pessimisme.

Menotté nuit et jour à un radiateur, torse nu, dans une pièce vide et dépourvue de lumière, il continue cependant à garder espoir. Sa libération est forcément proche. On le cherche. Des moyens sont mis en oeuvre. On va bientôt venir le libérer. Chaque jour il pense que c'est le bon. Et malgré les déceptions qui s'enchaînent, il parvient à ne pas se laisser abattre et à retrouver de quoi s'accrocher pour la suite, développant une obsession du temps qui passe, pour ne pas perdre le fil, ce qui l'a sans doute sauvé.

Les journées pour lui sont interminables. Il fait très chaud, Christophe est seul, il n'a pas l'occasion d'échanger, ne possède pas d'indice sur les échos de sa situation.

guy Deslile réussit magnifiquement à retranscrire sa situation, d'un dessin très simple, sans détails ni fioritures. Chaque planche, dans son contenu et ses couleurs ressemble à la précédente, comme chaque journée de la détention de Christophe qui s'écoule, lentement, très lentement parfois, dans la solitude et l'incompréhension.

Il ne se passe rien, c'est long, très long, répétitif, vide... et on ne s'ennuie pourtant pas une seconde dans cet épais roman graphique, véritable reportage, au plus prêt de l'otage, faisant pleinement prendre sa condition en pleine face.

Un bien bel hommage au courage de cet homme, et à tous les otages dans le monde.

- merci qui?? une p'tite anecdote??