- Inès Bayard -
- pourquoi??
Je participe pour la première fois, et depuis quelques mois, à un cercle de lecteurs à la bibliothèque de mon quartier.
Ce livre a été présenté de manière très forte par une des participantes, et si le sujet ne m'attirait pas particulièrement, j'ai été très intriguée par la forte polémique dont il était question autour de ce texte.
J'ai donc voulu me faire mon propre avis...
- le pitch de moi personnellement:
Marie est conseillère en patrimoine et vit une vie heureuse et confortable avec son mari Laurent, avocat à la carrière ascendante.
Le couple s'aime, est entouré d'une famille présente et bienveillante et d'amis précieux. Ils projettent de faire un enfant lorsque la vie de Marie bascule quand elle est violée par son directeur d'agence. La vie de Marie, pas celle des autres, car elle décide de cacher les faits, coûte que coûte, à son mari et leur entourage. Lorsque la jeune femme se découvre enceinte, elle continue à se taire, persuadée que l'enfant est celui de son violeur, et développe une haine profonde envers lui.
- bien? pas bien? l'avis de moi en personne:
J'étais pourtant prévenue, j'y suis quand même allée, et je ne sais au final pas vraiment si j'ai bien fait.
Si le livre ne m'est pas tombé des mains c'est , je crois, parce que j'ai voulu y attendre une issue favorable, malgré le drame, dès les premières lignes, qui rappellent celles de Chanson douce de Leïla Slimani.
"Le petit Thomas n'avait pas eu le temps de finir sa compote. Sa mère ne lui avait laissé aucune chance. La vitesse à laquelle le poison s'était diffusé dans son sang lui avait simplement permis de ne pas trop souffrir au moment de mourir..."
Victime d'un viol, décrit dans une scène d'une très grande violence, Marie décide de se taire, de peur de perdre son travail et son couple.
Comment vivre après ça? Comment vivre avec ça? L'engrenage est en route et Marie ne fait pas d'autre choix que celui de continuer avec. Cette scène de viol, c'est finalement tout le livre car chaque chose du quotidien, chaque rencontre, chaque échange, souvenir, projet, ramène Marie à ce drame, et le lecteur avec.
Quand elle apprend sa grossesse, les choses s'empirent, et elle développe une haine extrêmement violente pour ce bébé, persuadée que c'est celui de son agresseur.
La folie la gagne et ne la quittera plus.
D'une écriture vive et sèche, Inès Bayard raconte cette histoire abominable qui, si elle m'a d'abord bouleversée, a fini par me dégoûter et m'agacer fortement.
Le sujet est extrêment délicat et il est difficile de s'exprimer dessus sans risquer de choquer, d'être maladroit ou même blessant, mais pour moi cette histoire a été trop forte sur plusieurs niveaux.
Le sujet avant tout, bien sûr, celui du viol. Il y a autant de manières de raconter un viol qu'il y a de viols, et certainement autant de manières de continuer de vivre, avec, et différentes décisions qui sont propres à chacun et chacune.
Mais ce roman est aussi celui de la vie conjugale, celle d'une femme qui a été victime.
Comment retrouver son mari, dont bien des gestes ou attitudes peuvent rappeler ceux de l'agresseur? Comment continuer à être une femme, une femme dont on a volé le corps?
Des questions intéressantes, là encore aux multiples réponses possibles, mais j'avoue que le choix de traitement fait par Inès Bayard ne m'a pas convenu.
J'ai trouvé de nombreuses incohérences dans les réactions de l'entourage de Marie, notamment sa Maman et sa soeur. J'ai trouvé étrange la relation entre Marie et son mari, aveugle, certes très occupé par son métier mais trouvant quand même du temps pour autre chose. Sans parler du médecin qui la suit, ami de Laurent, qui ne remarque rien lui non plus. Les caricatures, à mon goût, s'enchainent un peu trop...
La lecture est très éprouvante, Inès Bayard utilise un langage cru, violent, agressif. J'ai plusieurs fois songé à arrêter définitivement ma lecture mais j'ai continué malgré tout, avec toujours un espoir qui malheureusement s'amenuisait au fil des pages.
Le roman est présenté comme suffoquant sur la quatrième de couverture, c'est le mot, et encore, il est faible.
La malaise ne m'a pas quittée jusqu'à la dernière page, et même après, je me suis sentie toujours habitée par cette histoire choquante traitée de manière choquante, sans aucune subtilité.
C'est le premier roman de cette jeune auteur, je suis malgré tout curieuse de voir si elle va enchaîner, et avec quoi.
- merci qui?? une p'tite anecdote??
Ames sensibles s'abstenir
catégorie Objet
- lasardine -