- Sorj Chalandon -

- pourquoi??:

Parce que je n'avais jamais lu Sorj Chalandon (mais comment est-ce possible?????).

- le pitch de moi personnellement:

1974, Liévin, dans le Pas de Calais.

Michel Flavent a 16 ans.

Depuis son plus jeune âge, il n'a d'yeux que pour Joseph, son grand frère.

Son Jojo, son modèle...

Celui qui, après avoir été un temps apprenti mécano, va répondre à l'appel de la mine, contre l'avis paternel.

La mine... La fosse de Saint-Amé... Là où le 27 Décembre de cette année, 42 mineurs ont trouvé la mort...

"Venge nous de la mine" écrira son père à Michel, un an plus tard.

Alors Michel va les venger, punir les Houillères et tous ces salauds qui n'avaient jamais payé pour leurs crimes...

- bien? pas bien? l'avis de moi en personne: 

40 ans après les faits, à Paris, Michel vient de perdre sa femme, il est désormais seul. Son frère Jojo, mort. Son père, mort. Sa mère, morte. Seul, Michel est tout seul...

Pas complètement pourtant. Car ses vieux démons sont là, tout proches.

Depuis 40 ans, Michel rumine. Il rumine la mort de Jojo. Il ne digère pas.

Le box dans son garage est devenu un véritable mausolée. Il y conserve les souvenirs de son frère, ses vêtements de mineurs, ses outils, mais aussi une impressionnante documentation sur le drame du 27 Décembre 1974, des coupures de journaux, des photos. Son frère, aimé et adulé, sa mort, c'est devenu une véritable obsession.

Michel a cherché, enquêté, réfléchi. Et pour lui, le coupable est Lucien Dravelle, non seulement chargé de la sécurité de la mine, mais aussi celui qui a convaincu Jojo de descendre au fond.

Michel va lâcher son poste de routier pour retourner dans le Nord, retrouver Dravelle... 

Mazette! Quelle plume!

Je suis charmée, dès les premières pages, complètement envoûtée par l'écriture, prise par l'histoire, émue par la cause.

Face à la catastrophe de Liévin, la plus meurtrière depuis celle de Courrières en 1906, l'auteur est révolté, ça se sent. Il prend fait et cause des plus faibles, et n'oublie personne.

Chalandon parle de la mine et des mineurs. Ceux qui étaient là pour redresser la France d'après-guerre, qu'on faisait travailler au péril de leurs vies, négligeant les règles de sécurité, dans des conditions épouvantables.

Ceux qui n'y restaient pas directement terminaient leur vie jeunes, malades, les poumons pris par la silicose.

Nous sommes dans une fiction, mais tout y est si vrai, si palpable. L'atmosphère est minière. Tout se rapporte à la mine. Chaque phrase, chaque mot, chaque tournure.

Roman social? Oui, mais pas que...

Difficile de développer plus sans compromettre le coeur de l'histoire mais l'auteur pousse très loin la réflexion. Ou plutôt les réflexions.

Grâce à une mécanique bien huilée et une construction bien trouvée, il va bien au delà et interroge sur la culpabilité, l'injustice et la vengeance.

L'humain est au coeur de ce roman puissant, magnifiquement écrit, beau dans la laideur de ce qu'il raconte, lumineux dans la noirceur des sentiments, douloureux et poignant, intime et profond. 

En un mot, magistral!

Magnifique découverte pour moi, coup de coeur absolu!

- merci qui?? une p'tite anecdote?:

Lu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire, en lectur commune avec ma copine Enna, Martine et Tiphanie.